Réunion-débat du lundi 6 février 2017
IVG/ contraception : où en est-on dans la Somme ?
Le docteur Patrick Kaczmarek médecin exerçant au centre d'orthogénie du CHU d'Amiens , mais aussi médecin militant depuis de nombreuses années pour le droit à l'IVG dans la Somme ; et Fabienne Jacques , sage-femme au CHU et professeure à l'école de sage-femme, étaient là pour répondre aux questions des personnes présentes .
38 personnes étaient présentes à ce débat .
Lecture d'un texte sur l'historique législatif du droit à l'IVG. ( voir fichier joint )
Constats :
Au centre d'orthogénie du CHU d'Amiens
Orthogénie, du mot grec « orthos » = droit, et « geneia » »= production, formation.
Les centres d'orthogénie sont des services médicaux-sociaux dans lesquels il est possible de pratiquer une IVG.
La subvention du conseil départemental est passée de 200 000 à 100 000 € cette année et sera supprimée l'année prochaine. Il s'en suit un déclin des moyens humains et matériels : postes supprimés et heures d'ouverture en baisse, plus que 2 jours et demi par semaine.
Cette baisse de subvention est la décision d'une élue départementale, non spécialisée dans ce domaine.
Le CHU ne veut pas compenser cette baisse de moyens. Et le gouvernement n'intervient pas.
Il existe une volonté d'étouffer, d'entraver le développement des centres orthogéniques.
Véritable déclin des moyens humains et financiers qui risque à terme de conduire à la même situation catastrophique que dans le Nord sans plus aucune subvention.
L’accueil n’est plus assuré qu’à mi-temps les après-midi seulement.
Une circulaire vient d'arriver dans le service, qui préconise 2 consultations à 48h d'intervalle pour l'IVG médicamenteuse. Les femmes du rural, avec peu de moyens de transport, auront des difficultés à venir 2 fois à Amiens. Est-ce une mesure de dissuasion ?
Un progrès : des internes viennent faire des IVG.
Dans les centres de planification
Un nouveau centre a ouvert ses portes le 15 nov 2016 à la Maison des adolescents, près de la gare d'Amiens.
Sur Amiens : au Centre Léo Lagrange, Rue Riolan, Maison de la Santé (espace Maurice Ravel), à l'université.
+ Abbeville, Albert, Péronne, Moreuil, Corbie, Roye, Nesle, Montdidier, Rue, Friville-Escarbotin, Poix de Picardie.
Le conseil départemental projette de fermer la moitié des Centres médicaux sociaux, donc personnels en moins et éloignement de l'accès, surtout dans le rural.
Autres
Certains pharmacien-ne-s ne jouent pas le jeu sur la contraception d'urgence.
Depuis août 2016, les sages-femmes peuvent pratiquer l'IVG médicamenteuse, mais demandent une formation.
Dans la somme ; seulement 3 ou 4 médecins généralistes pratiquent l'IVG médicamenteuse.
Des jeunes femmes se plaignent de l'accueil des gynécologues et du manque d'information sur les moyens de contraception , sur les effets secondaires de la pilule .
Manque d'interventions sur l'éducation sexuelle dans les établissements scolaires, dont l'initiative est laissée au chef d'établissement. Cette inégalité de territoire fait que des élèves peuvent plusieurs interventions dans leur scolarité et d'autres pas une .
Il existe encore beaucoup trop d’accidents de contraception.
Je suis très étonnée du discours tenu par les lycéennes que je reçois dans le cadre d'examen à préparer . Elles semblent imprégnées du vocabulaire utilisé par certains candidats « ivg de confort » « ivg est devenu un moyen de contraception » et par manque d'information n'ont pas d'esprit critique sur la position de ces candidats .
Quand lors de débats , nous constatons que beaucoup de femmes ignorent que le droit à l'ivg peut être précaire en France , qu'il subit une inégalité territoriale et qu'il peut être en danger.
ACTIONS à mener au vu de ces constats
- continuer à dresser les constats dans la Somme (centres de planification, pharmacien-ne-s, médecins , les services privés)
Sylvie se rendra au nouveau centre de planification à la Maison des adolescents .
Nous essaierons de mener une enquête auprès des jeunes filles ayant eu des consultations en lien avec la contraception .( peut-être sous forme de questionnaire)
Publier ces résultats et en tirer des conclusions .
- réclamer une formation de qualité des internes, des gynécologues, des sages-femmes, des infirmières scolaires, des médecins généralistes.
- interpeller l’Éducation nationale par rapport aux programmes.
- nommer les responsables qui retirent les moyens financiers pour garantir un droit à l'IVG pour toutes les femmes sur le territoire.
- informer en masse les femmes de la remise en cause de leur droit.
- informer les jeunes femmes sur les différents moyens de contraception
-faire appliquer les lois sur l’égalité salariale, l’IVG et les formations existantes en les renforçant.
- exiger une veille sanitaire sur l'IVG / contraception .